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Mont Roraima

Mont Roraima

07-06-2021

Le mont Roraima, situé à la triple frontière entre le Brésil, le Venezuela et la Guyane, est un tepui, une montagne en forme de plateau délimité par des falaises qui constituent des parois rocheuses verticales imprenables d'environ 1 000 mètres de haut. Le mont Roraima, découvert par les Européens en 1595, lors de la colonisation espagnole et britannique de cette partie de l'Amérique du Sud, est resté inexploré jusqu'à la fin du XIXe siècle. La "montagne de cristal" d'où jaillissaient de nombreuses cascades était considérée comme impossible à escalader et fut l'objet de nombreuses légendes et histoires, servant notamment l'imagination de Sir Arthur Conan Doyle pour son livre "Le monde perdu" de 1912, qui inspira plus tard de nombreux films d'aventures. Au cours du XIXe siècle, des aventuriers à la recherche de l'Eldorado et de nombreuses expéditions scientifiques parrainées par la Royal Geographical Society et dirigées par des explorateurs scientifiques britanniques et allemands, spécialistes de la flore, de la faune et de l'avifaune locales, firent des incursions répétées dans cette région habitée durant au moins 10 000 ans par des peuples amérindiens, actuellement par les Pemons, descendants des Caraïbes, établis dans la région il y a environ 300 ans, qui tous déclaraient le sommet des falaises inaccessible et vierge depuis le début du monde. En 1872, le géologue britannique Charles Barrington Brown proposa même une ascension en montgolfière jusqu'à la montagne. Une autre expédition, dirigée par Flint et Edginton, atteignit le Mont Roraima en 1877 et déclara également le caractère impénétrable des falaises du nord, de l'est et du sud. Henry Whitely, qui a étudié l'avifaune de la région, a opinât que le sommet du mont pourrait être atteint depuis la face sud à l'aide de cordes et d'échelles - contrairement à son voisin Tepui Kukenán, dont le point culminant semblait n'être accessible qu'au moyen d'un ballon à partir du sud-est, en raison des vents dominants. Finalement, le mont Roraima fut le premier grand tepui à être escaladé, par Everard im Thurn et Harry Perkins qui menèrent une expédition parrainée par la Royal Geographical Society et atteignirent le sommet le 18 décembre 1884. L'équipe repéra un passage jusqu'alors inconnu des Indiens Pemons. Le plateau montagneux présente un environnement totalement différent de la forêt tropicale et de la savane qui s'étendent à ses pieds. La flore s'est adaptée à ces conditions climatiques et géologiques differentes avec un haut degré d'endémisme, incluant plusieurs espèces de plantes carnivores – qui retirent des insectes capturés les nutriments qui leur manquent dans le sol. La faune est également caractérisée par un endémisme marqué, notamment chez les reptiles et les amphibiens. L'indice pluviométrique élevé a favorisé la formation de nombreuses grottes. Les grottes ont commencé à être explorées par les spéléologues vénézuéliens à la fin des années 1930 et, surtout depuis les années 1970. Leurs travaux montrent que des cavités souterraines, en plus de leurs grandes dimensions, peuvent se former dans les roches de quartz. Cet environnement est protégé au Venezuela par le magnifique parc national de Canaima et au Brésil par le Parc National de Monte Roraima entièrement inséré dans la terre indigène Raposa Serra do Sol, l'une des plus grandes terres indigènes du pays, avec 1 743 089 hectares et 1 000 kilomètres dans le périmètre (environ la moitié de la Belgique). Pour cette raison, le parc est géré par la National Indian Foundation, l'Institut Chico Mendes pour la conservation de la biodiversité (ICMBio) et la communauté indienne Ingaricós. Le point culminant s'élève à l'extrême sud, dans l'État vénézuélien de Bolivar, à 2 810 mètres d'altitude. Le deuxième point culminant, avec 2 772 mètres, se situe au nord du plateau, en territoire guyanais. Avec le développement du tourisme dans la région, en particulier à partir des années 1980, le mont Roraima est devenu l'une des destinations les plus populaires pour les randonneurs, en raison de son environnement unique et de ses conditions d'accès et d'escalade relativement faciles.

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